Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

In mémoriam Dominique-Pierre Mariotti (1958-2011)

Dominique-Pierre était un écorché vif, un scalpel tendre, une lame courbe.

Pour l’avoir rencontré à de nombreuses reprises dans son antre de la « vallée des couillons » comme il aimait à plaisanter sur son lieu de résidence nouméen, Dompy était un être succulent façonné dans l’émoi du moi et l’exégèse du doute, pétri d’incertitudes certaines et poli de sensibilités qu’il avait à fleur de peau.

La dernière fois que je l’ai salué, il était déjà barré comme on dit chez nous.

Il avait franchi le pas.

Il faisait de l’errance d’un conducteur solitaire, un chemin de vie. Préférant la piste caillouteuse à la peau lisse de l’asphalte.

Il avait pris les chemins de traverse, ceux qu’on longent mais que l’on n'enjambent pas de peur de croiser le train-train.

Dompy était amaigri, malade, la peau lézardée par le kava qui assèche en proportion qu’il désaltère l’âme.

Il était là entouré de paille et de copeaux de bois sous l’abri des sculpteurs à quelques pas de l’ancienne piste d’aviation de Ouaraï à Houaïlou à l’occasion d’une fête communale. Dompy était plongé dans la nostalgie d’un monde fuyant et l’avènement d’un univers bouleversant. Il cherchait les racines de l’araucaria et écoutait le vent dans les bois de fer filandreux.

Je le sais aujourd’hui assis sur un tronc à la lisière de la forêt et à ses côtés son ami Kiki Karé.

Ils chantent ensemble.

N’est-ce pas là l’essentiel?

L’émoi du moi toujours et à l’infini.

Le corps, la parole et l’action.

Puis le vent, le vent du Nord.

Celui qui fait redescendre dans la vallée.

Le son de la conque sur les tertres dénudés.

Adieu citoyen Mariotti!

(Article rédigé pour le site Calédosphère au mois d'août 2011)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :