Né le 29 juin 1922 à Sin-le-Noble dans le département du Nord, ce professeur certifié d’histoire et de géographie arrive le 10 septembre 1950 en Nouvelle-Calédonie pour enseigner au collège Lapérouse à Nouméa. Il est accompagné de son épouse et de son premier fils, Robert, alors âgé de 4 ans.
Catholique convaincu, il trouve, au sein de l'Union Calédonienne alors en formation, un mouvement qui correspond à son idéal politique, mêlant profession de foi chrétienne et initiatives progressistes. Proche de Maurice Lenormand, dont il avait activement soutenu la candidature à la députation de juillet 1951, il devient rapidement l’une des éminences grises du mouvement. Dès sa création en 1954, il est la plume d'une grande partie des éditoriaux et des articles publiés dans le journal “L'Avenir calédonien”, organe du “parti à la croix verte”. Dans la perspective des élections territoriales du 6 octobre 1957, point d'orgue de la mise en place des nouvelles institutions issues de la loi-cadre Defferre, le député lui offre une place de choix sur la liste présentée par l’UC dans la première circonscription. Elu conseiller territorial à deux reprises, en 1957 et 1958, il démissionne de ses fonctions pour assumer, dans six conseils de gouvernement successifs, la fonction de ministre de l’Education, de la Jeunesse et des Sports, d’octobre 1957 à mars 1964. Au plus fort du coup de force du 18 juin 1958 dirigé contre Lenormand et les ministres UC, réfugié dans sa maison dominant la baie de l’orphelinat, il est protégé par Fleury Trongadjo envers lequel il sera toujours reconnaissant. A partir de 1960, il prend une part de plus en plus active à la vie publique de l’Union calédonienne dont il devient le vice-président au cours de son 4e congrès. De mai à juillet 1962, en l’absence de Roch Pidjot, il assure même la vice-présidence du Conseil de gouvernement. Acteur éclairé et engagé dans la vie politique locale, il est mis en difficulté par son ministère de tutelle qui ne lui renouvelle pas son détachement en Nouvelle-Calédonie (1964). Nommé, au titre de la coopération technique, professeur au lycée français de Curepipe, à l'Ile Maurice, il se retrouve dans l’impossibilité physique d’exercer ses fonctions de membre du Conseil de gouvernement de Nouvelle-Calédonie sans jamais avoir démissionné.
Rédacteur du premier livre destiné aux scolaires sur la géographie de la Nouvelle-Calédonie et des îles Loyauté (1959) et précurseur de l’adaptation des programmes nationaux au contexte local, Jean Le Borgne est également à l’origine du développement du sport local par la généralisation des plateaux sportifs dans les tribus et les villages. Au niveau régional, il est, aux côtés de Pierre Issamatro, un des promoteurs des Jeux du Pacifique.
Il termine sa carrière comme professeur à l'Université Cheikh Anta Diop à Dakar, au Sénégal. Homme d’honneur, de parole et de convictions, il avait l’estime et le respect de ses plus ardents opposants politiques. Jean Le Borgne a œuvré pour le bien de tous et dans l’intérêt de la Nouvelle-Calédonie à un moment où tout était à faire, à bâtir et à construire. D’une probité exemplaire et d’une droiture rare, Jean Le Borgne fait partie de ces personnages qui ont fait l’ histoire en silence et en coulisses mais que la mémoire collective continue d' ignorer superbement.
Victime de la vague de chaleur caniculaire de l'été 2003, il est décédé le 16 août, à l’âge de 82 ans, à Flayosc, dans le Var, où il profitait de sa retraite en se consacrant à la rédaction d’un ouvrage de mémoires politiques.
Avec sa thèse de doctorat sur les climats de l'Ile Maurice, soutenue à l'Université Paris IV en 1976, Jean Le Borgne est l'auteur de très nombreux livres, études et articles relatifs à la climatologie. Son “Que-sais-je?” sur les cyclones, publié en 1986 fait encore aujourd'hui, référence en la matière. En 1998, il assure la direction d’une thèse en pharmacie soutenue à l'Université de Rennes I par Stéphane Ruyssen et intitulée “Oxicams et rhumatologie”.
Avec son épouse Nelly, née Baert (1922-2016), Jean Le Borgne était l'heureux patriarche d'une fratrie de 4 enfants, 12 petits-enfants et 18 arrière petits-enfants.
BIBLIOGRAPHIE de Jean LE BORGNE
“Géographie de la Nouvelle-Calédonie et des Iles Loyauté.”, Ministère de l'Education, de la jeunesse et des sports, Nouméa, 1959, 305 pages. (réédité en 1964)
Source: http://www.sudoc.fr/013455117
“Géographie à l'usage des cours élémentaires de la Nouvelle-Calédonie et des Iles Loyauté”, collection notre milieu, co-auteur avec René Parisse et André Journaux, Caen, 1962, 95 pages.
Source: http://www.sudoc.fr/093669232
« Géographie à l’usage des cours moyens de la Nouvelle-Calédonie et des Iles Loyauté, la Nouvelle-Calédonie, La France et le monde français », collection notre milieu, co-auteur avec René Parisse et André Journaux, Caen, 1969, 103 pages.
Manuel d'enseignement primaire en géographie 3ème année, co-auteur, avec André Journaux et Devi Venkatasamy, collection Notre milieu, Caen, 1973, 72 pages. (livre en anglais pour le Ministère de l'Education de la République de Maurice).
Source: http://www.sudoc.fr/179371347
Thèse de doctorat en climatologie à l'Université de Paris IV, “Recherches sur les climats de l'Ile Maurice”, Paris, 1976, 1391 pages.
Source: http://www.sudoc.fr/006568947
“Les cyclones”, Presse Universitaire de France, Paris, 1986, 123 pages
Source: http://www.sudoc.fr/001086960
“Climatologie du Sud-Ouest de l'Océan Indien, le cas de l'île Maurice”, Editions de l'ORSTOM, coll Travaux et documents, n°204, Paris, 1987, 359 pages.
Source: http://www.sudoc.fr/098734458
“La pluviométrie au Sénégal et en Gambie”, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, Département de géographie, laboratoire de climatologie, 1988, 93 pages.
Source: http://www.sudoc.fr/158447395
“Nouvelle-Calédonie, 1945-1968, la confiance trahie”, L'Harmattan, Paris, 2005, 598 pages.
Source: http://www.sudoc.fr/09257002X